COMMENT GERER LE HARCELEMENT SCOLAIRE ?
C'est quoi exactement le harcèlement ?
- On va me dire qu’ils aiment pas comment je suis habillée
- Tu sais je fais de l’humour et elle ne comprend pas, alors elle dit que je suis bête. Elle a dit « Tiens la bête ! »
- Personne ne me parle
- Il se moque de mes lunettes/de mon appareil dentaire, ils disent que je suis moche
- Ils veulent pas me parler parce que j’ai des « habits de naze »
- Elles me font peur. J’ai peur qu’ils se moquent de moi parce que j’ai redoublé/sauté une classe/les cheveux roux/noirs/blonds/ les oreilles pas bien/la voix trop aiguë/grave…
- Ils ne font que m’humilier ! dit Martin
- Elle m’empêche de discuter avec les autres élèves de la classe, je suis toujours toute seule.
- Ils m’ont bloqué à la sortie des toilettes et m’ont jeté par terre
- Ils disent que je mens quand je dis que j’ai pas de maman.
Dans ce genre de situation, on pourrait assez facilement se dire qu’il y a un gentil d’un côté et un méchant de l’autre… ce n’est pas toujours aussi clair que ça. Et malgré l’auréole de sainteté que l’on positionne de fait sur nos chères têtes blondes/brunes, pensons bien qu’ils peuvent être le calvaire d’autres enfants à l’école.
D’autant plus qu’être un harceleur n’est pas forcément dans une volonté de faire du mal. Selon le principe de « l’attaque est la meilleure défense » (ça reste sujet à discussion), certains enfants vont se moquer d’autres pour éviter que l’on s’en prenne à eux, avec la croyance que :
Je le considère comme nul, donc par définition je suis meilleur que lui. »
En tant qu’adulte naïf sur la thématique, on a en tête l’enfant qui se fait taper à l’école pour une raison x,y ou z, mais cela peut être bien plus insidieux que cela. Et il est important de prendre le temps d’évoquer toutes ces petites choses qui peuvent faire mal, comme :
- De « Ton pull est moche » à « binoclar »
- des bousculades répétées,
- se moquer, rigoler quand Martin participe en classe
- refuser de travailler en groupe avec un des camarades de manière répétée
Dans la vraie vie « IRL », mais aussi sur internet, les réseaux sociaux voire les groupes what’s app de la classe…
Harcèlement et cyberharcèlement sont tout autant dommageables l’un que l’autre, même si le cyberharcèlement est plus insidieux et parfois plus lent à identifier.
Ceci dit « grace » a la covid19, l’outil numérique a pris une place de plus en plus importante dans les enseignements de nos enfants. Au sein des lycées, collège mais également les écoles élementaires, ce qui favorise largement la communication numérique entre les eleves… et pas toujours de manière adaptée et bienveillante.
Donc soyons vigilants. D’autant plus, vis-à-vis et envers les filles… Oui je sais, cela ne devrait pas être un sujet mais sachez que dans le monde merveilleux de 2024, 73% de la gente féminine à travers le monde est victime de violence numérique…
Du cyberharcelement à l’insulte anonymisée, c’est tout un univers des possible qui se décline… bien au chaud derrière un écran : un « #SaleP… » qui peut rapidement devenir dévastateur.
Destructeur parce qu’il touche un être en plein développement, où le « soi » n’est pas encore assez opérant pour savoir faire la distinction entre une vérité fondamentale (une vérité absolue) et ce qui n’est qu’interprétation et/ou manipulation. Une estime de soi en pleine construction qui la rends très/trop sensible au regard de l’Autre. Ce qui fait du harcelement un evenement pouvant ébranler les fondations de la personnalité d’un individu et avoir un impact sur le reste de sa vie.
Un enfant harcelé à l’école c’est un enfant qui part apprendre dans un environnement hostile, autant dire que rapidement les apprentissages seront impactés et passeront au second plan pour laisser place à l’angoisse de se rendre à l’école.
C’est comme ça qu’il arrive d’observer un bon elève qui en quelques semaines refuse de travailler, avec des notes qui dégringoles sans pour autant s’en émouvoir… puisque finalement cela lui permet de ne plus se faire moquer : d’intello/fayot/premier de la classe… Il se fond dans la masse, il n’est plus la cible. Cela reporte cependant les tensions dans le milieu familial.
Le harcèlement c’est bien sûr une thématique clef dans l’anxiété que peuvent ressentir nos enfants. On en parle tout un chapitre dans « l’anxiété de mon enfant » aux éditions Mango. En lien sur la page du livre ci dessus ou à côté… en fonction de votre écran.
On en parle ?
Parler du harcèlement à la maison avec nos enfants, c’est la meilleure manière d’éviter d’en faire un sujet tabou. Parler du secret qui généralement l’entoure et isole la victime dans sa détresse. Le harceleur a ainsi deux caractéristiques ; il s’attaque à plus petit/faible que lui (Il cherche la domination, mais n’est pas sûr de lui. Cibler des élèves de plus petite classe est ainsi une bonne façon d’avoir peu de résistance) et il s’assure que personne ne viendra menacer sa position. Il est le plus souvent discret dans les actes, mais ouvertement dans la menace :
« Si t’en parle à tes parents, je te casse la tête/je les tue/… »
C’est le plus sur moyen que sa victime s’enferme dans le silence, de peur d’être responsable de ce qui pourrait arriver à sa famille et ses amis. Cela s’appuie sur le principe très fort de la pensée magique.
Parler est une bonne chose, mais à qui en parler ? Pour que Martin puisse demander de l’aide, il faut déjà qu’il sache qu’il en a le droit et que sa parole puisse être entendue.
Il peut en parler à un adulte de son choix, de confiance. À l’école, la maitresse, la personne qui surveille la cantine, l’animateur, ses parents bien sûr ou qq.’un de son entourage qui pourra contacter l’école.
S’il n’y a personne autour de Martin, un ami peut faire l’affaire ou encore il peut appeler le numéro vert : 3018. « Non au harcèlement » qui pourra l’écouter et trouver une solution pour que le harcèlement ou cyberharcèlement s’arrête !
Je rencontre trop de jeunes et moins jeunes qui ont été victimes de harcèlement sans avoir pu en parler. Ou pire… Qui en parle, mais sans que cela ne change la situation. Il est primordial de faire évoluer la situation de harcèlement lorsque votre enfant/élève ose finalement prendre la parole. S’il ne se passe rien, le message qui va passer à votre enfant/élève sera le suivant :
« Quand tu as un problème, ce n’est pas la peine d’en parler. Personne ne peut rien pour toi. Tu dois te débrouiller seul. Moi ton parent, je ne suis pas capable de te protéger ».
Ce n’est évidemment pas un message que l’on veut donner à son enfant. Et d’autre part, cela donne un message d’impunité à l’harceleur qui le conforte dans un sentiment de toute-puissance… Ce qui reste problématique.
Et après, on peut faire quoi exactement ?
Rapidement après avoir accueilli la parole à la maison, il est important d’en parler à l’établissement scolaire. On peut être tenté d’aller voir les parents du harceleur, mais ça peut assez rapidement mal tourner. Or, pour résoudre une situation de harcèlement, il est important de ne pas s’inscrire dans le registre de l’émotion.
Donc on délègue d’autant plus que les établissements ont une obligation de moyen pour prévenir et traiter les cas de harcèlement. Si cela ne suffit pas et que l’établissement échoue a offrir à votre enfant un environnement scolaire serein et bienveillant (oui, soyons optimistes) n’hésitez pas à gravir un échelon et aller porter plainte au commissariat.
On hésite pas, depuis le 2 mars 2022 a adopté un nouveau texte de loi caractérisant de délit le « harcèlement scolaire » avec des peines maximales encourues de 10 ans de prison et de 150 000 d’euro d’amendes (dans les situations extrêmes). Si l’objectif n’est pas d’en arriver là, il est clair que la reconnaissance du « droit à la une scolarité sans harcèlement » est primordiale.
Concrètement, il est fort peu probable qu’il arrive quelque chose (judiciairement parlant j’entends) au harceleur, mais une petite discussion avec un OPJ aura toujours plus de poids qu’une visite dans le bureau du CPE dont certains élèves (tous ?) se contrefichent allégrement.
In fine, l'important ?
… gérer, éviter, prévenir le harcèlement c’est un combat de longue haleine. Ce n’est malheureusement pas le seul piège que l’on peut rencontrer dans la vie scolaire et son environnement. On parle écrans, manque de sommeil et valorisation des acquis pour commencer/continuer l’année scolaire de manière plus sereine. à lire ci dessous :